Écriture


Éditions Mialet Barault
12 avril 2023
ISBN 978-2-0802-4153-5
Vente en ligne :  amazon.fr, decitre, écumedespages, fnac, gibert, lamartine, librest, ombresblanches

Vous doña Gracia
L’aïeule de la tribu perdue


Qui est Doña Gracia, alias Beatriz de Luna, alias épouse Mendes Benveniste, alias Hannah Naci, née chrétienne à Lisbonne en 1510, morte juive à Constantinople en 1569 ? C’est à cette question que répond Michèle Sarde à sa manière dans le troisième volume de sa trilogie familiale d’abord consacrée à Jenny, sa mère salonicienne, puis à sa grand-mère Marie la Roumaine, assassinée à Auschwitz. Gracia est cette femme puissante qui réussit à fuir l’Inquisition au cours d’une épopée rocambolesque. Un extraordinaire périple la mènera du Portugal dans les Flandres de Charles Quint, puis par les villes italiennes jusqu’à Raguse, Salonique et la capitale de l’Empire ottoman. Elle est cette incarnation du marranisme – nouveaux chrétiens, anciens et nouveaux juifs- déchirés par la dualité entre religions, cultures et identités. Gracia est aussi cette héroïne habitée par l’empathie et le souci des autres qui voua sa fortune et son intelligence à sauver les vies des persécutés et à leur ménager un havre à Tibériade. Ce livre jette un pont entre l’époque des autodafés et celle des chambres à gaz et, par le biais de la conversion forcée et du silence sur les origines, rapproche l’auteure de son ancêtre dans l’esprit.
Annonce de la rencontre-signature programmée par le MAHJ

VIDÉO DE PRÉSENTATION
(Mialet-Barrault Éditeurs)

MICHÈLE SARDE INVITÉE DE JOSYANE SAVIGNEAU DANS POSTFACE
(Radio RCJ, 13 juin 2023)

EN CONVERSATION AVEC FRANÇOIS AZAR
(Rencontre-signature à la librairie du MAHJ, 1er octobre 2023)

« Ce livre jette un pont entre l’époque des autodafés et celle des chambres à gaz et, par le biais de la conversion forcée et du silence sur les origines, rapproche l’auteure de son ancêtre dans l’esprit. »
Programme du MAHJ
« ...une histoire universelle. »
François Azar

EN CONVERSATION AVEC YOSSEF MURCIANO
« Doña Gracia : la Messie des marranes »
(Akadem, 19 octobre 2023)

« Hantés par les images qui nous viennent du sud d’Israël... les pensées et les réflexions qui nous assaillent nous ramènent plus loin dans l’Histoire. Notre actualité est infiltrée de notre mémoire. Des sédiments des catastrophes passées se projettent sur la toile de fond de notre quotidien : la Shoah bien sûr mais également l’expulsion des juifs d’Espagne et le long exil qui a suivi. Cet aller et retour entre les blessures juives de l’histoire c’est ce qui nous vient à l’esprit en lisant votre roman, Michèle Sarde. »
Yossef Murciano. Akadem

MICHÈLE SARDE INVITÉE DE CARINE BENAROUS DANS ATOUT FLEG
(Radio JM, Marseille, 4 octobre 2023)

« Vous Doña Gracia, de Michèle Sarde, le portrait d’une marrane exceptionnelle au coeur des intolérances du XVIe siècle... un roman singulier et ensorcelant porté par une très belle couverture de Maeva Rubli. »
Si Thérèse d’Avila fut déclarée sainte et docteure de l’Église et que sa vie exemplaire, toute de sacrifices, sauva tant d’âmes, Doña Gracia sauva des vies. Elle mourut juive et nul ne sait où, preuve qu’elle n’est pas morte. La vraie vie se poursuit à travers les siècles et sauve. Merci à Michèle Sarde pour cet ouvrage flamboyant !
« C’est le grand mérite de Michèle Sarde d’avoir cherché à nourrir de passions intimes ce récit historique »
« Ce roman historique de toute beauté est un magnifique hommage aux femmes qui sont trop souvent rendues invisibles par l’Histoire. Ce roman particulièrement bien documenté nous plonge au coeur du mouvementé 16e siècle, au moment de l’Inquisition en Espagne. On suit le périple hors du commun de Doña Gracia, cette femme d’exception qui s’est mise au service des opprimés. La plume de Michèle Sarde est très soignée et elle parvient à nous transmettre sa quête des origines avec subtilité et grâce. »
Ludivine Bon, publié par Babelio
« Avec ses multiples rebondissements et son amour impossible du type Princesse de Clèves, le destin de Doña Gracia aurait de quoi nourrir une série Netflix... De ce pan d’histoire tragique, Michèle Sarde fait un roman haletant. »
Victorine de Oliveira, La vie
« Avec Vous doña Gracia, qui oscille entre fiction et fidélité historique, Michèle Sarde donne vie à cette femme riche et méconnue, marrane du XVIe siècle, qui sans relâche oeuvra pour la préservation des siens dans une Europe inquisitrice qui entend tous les mener au bûcher. Le romanesque de sa vie est si bien retranscrit, qu’au fil des pages surgit le portrait vivant d’une femme puissante et méconnue. »
Killian, Libraire Le Failler
« Pour ceux qui aiment les portraits de femmes engagées [Gracia Naci, Charlotte Corday, Menie Grégoire]... Le combat de ces trois femmes illustres traverse les époques grâce à ces trois romans passionnants, documentés et émouvants, qui relient passé et présent. »
Déborah Vedel, La Librairie Nouvelle d’Orléans, Les Incontournables des libraires
« Michèle Sarde offre une superbe saga à la suite d’un personnage hors du commun dont le périple finira à Constantinople. »
La Dépêche du Midi
Michèle Sarde retrace la vie trépidante de cette belle jeune portugaise, de son baptême jusqu’à sa mort, tout en décrivant le Portugal de la Renaissance. Entre l’Inquisition espagnole et la Shoah que l’autrice a connue plus ou moins directement, on tisse des ponts, on franchit des lignes temporelles. On plonge dans la Renaissance lisbonnaise avec délice et frisson.
Michèle Sarde dresse le portrait de son ancêtre, issue d’une lignée juive chassée d’Espagne et convertie de force au christianisme à la fin du XVe siècle... l'autrice tisse une fresque de l'exil qui court sur cinq siècles, en un roman historique érudit et somptueux.
« Un écrivain est comme un boulanger : il pétrit la pâte des faits réels et en fait croustiller le romanesque. C’est ce que j’ai appliqué à Doña Gracia. »
Michèle Sarde interviewée par Chistophe Mangelle et Sébastien Salpietro pour La Fringale culturelle
« J’ai décidé d’adopter doña Gracia comme une aïeule idéale »

EXTRAITS :

La nuit dernière, j’ai rêvé encore de Doña Gracia.
Sur elle j’avais lu beaucoup de livres qui me la montraient tout en me la cachant. Soudain elle m’apparaissait telle qu’en elle-même, vivante et traversant le temps, de la Renaissance au xxie siècle. Je savais qu’elle était une construction, un double qui se multipliait à travers l’écriture de l’autrefois. Mais je savais aussi que j’avais besoin d’elle aujourd’hui. Qu’elle m’offrait ce modèle de vie que j’avais recherché dans d’autres femmes de l’Histoire et de mon histoire. Qu’elle me tendait ses fils pour débrouiller l’écheveau. La nuit dernière j’ai encore rêvé à Doña Gracia. Je n’avais plus besoin de livres pour lui redonner vie. Je n’avais qu’à laisser couler son existence dans la mienne. Elle avait l’habitude de ces métamorphoses léguées par d’autres femmes qui avant moi s’étaient inventé une filiation imaginaire dont Elle tenait l’autre bout. Je savais qu’Elle serait la compagne de ce nouveau voyage, l’objet de la recherche, guide du passé dans le présent, ombre portée sur ma route à travers la jungle du doute et de la reconnaissance. Je savais qu’elle serait ma Béatrice, son premier prénom et qu’elle me conduirait de nom en nom jusqu’à ma propre identité. Entre quête et enquête, j’ai décidé de partir à la recherche de Doña Gracia.

Je m’installe devant la vie de mon personnage sur l’écran où je vois passer des films et des séries. L’écran où j’écris aussi. Les images se déroulent. Ce matin l’écran s’ouvre à Lisbonne en l’an de grâce 1510 dans la chapelle de l’élégante demeure de don Alvaro de Luna et de son épouse Philippa.
—Je te baptise au nom du Père, du Fils, du Saint Esprit.
La toute petite fille qui sera VOUS Doña Gracia n’aura pas souvenir de cette journée de liesse religieuse alternant avec les félicités mondaines, où dans les patios intérieurs se presse l’élite de la société portugaise curieuse de savoir si le monarque en personne fera une incursion pour saluer les maîtres du lieu. Ils sont là cependant au grand complet les parents et les proches du bébé qui repose dans les bras de sa nourrice. Elle est sur le point de recevoir l’eau bénite, rejetée par ses aïeux espagnols en échange d’un refuge en forme de piège.
Par trois fois, le prêtre célébrant immerge ou verse de l’eau sur la tête de la nouvelle née [...] C’est sous le nom de Beatriz de Luna que vous êtes baptisée. Mais vous porterez au cours de votre existence au moins quatre noms de famille et trois prénoms. J’ai porté moi aussi quatre noms dont celui de plume que je m’étais choisi. Mais mon prénom est demeuré, fidèle au désir de ma mère et à son admiration pour l’actrice de Quai des Brumes, à qui Jean Gabin disait :
—T’as de beaux yeux tu sais !
Soudain Francisco, frère de la mère, croise le regard de l’autre frère Diogo, l’être au monde le plus proche de lui maintenant que leurs parents ont disparu et avec eux les souvenirs de leur Espagne, où l’on avait quand même eu le choix de partir sans se convertir. Leurs pensées et celles de leur sœur en ce moment convergent vers la petite fille qui vagit doucement sous ses langes brodés. Quel sera son destin ? Échappera-t-elle à la malédiction ? Francisco frissonne à l’idée qu’elle devra peut-être un jour faire alliance avec un vieux-chrétien, un chrétien de souche, qu’elle sera prolongée par une lignée étrangère à leur tribu. Il sait que si le pape et le monarque parviennent à installer l’Inquisition au Portugal, le sort des conversos portugais sera pire que celui de leurs cousins espagnols. Il faudra l’empêcher. Il se jure qu’il fera tout pour l’empêcher.
Lorsque les portes de la chapelle se sont refermées, l’assistance se rue sur les énormes buffets installés sur de longues tables rectangulaires établies sur des tréteaux dans les somptueuses salles de réception aux murs recouverts d’azulejos, de tapisseries des Flandres, de damas et de velours d’Italie. Les invités foulent les épais tapis indiens pour accéder aux porcelaines orientales remplies de victuailles issues des quatre coins du monde. Y figurent les délices exotiques issus des nouvelles découvertes où dominent le poivre, le sucre, la cannelle et toutes sortes d’épices inconnues dont la famille a le secret et qui lui sert à troquer sa sécurité. Un coup d’œil indiscret décèlerait dans le mélange subtil des mets quelques touches de plats typiquement juifs apportés d’Espagne, à base d’aubergine et de pois chiches. Il observerait aussi que les saucisses de porc dont raffolent les chrétiens de souche ont été remplacées subrepticement par des alheiras à base de perdrix ou de cailles.
Tandis que les derniers invités quittent la chapelle pour se consacrer aux nourritures terrestres, Doña Philippa se rapproche de Francisco, son frère préféré et lui chuchote :
—Tu le sais, c’est une promesse, ermano, cette petite sera pour toi...
—Comment avez-vous nommé Beatriz ?
—Comme c’était convenu ; elle s’appelle Hannah.
Hannah en hébreu, c’est Gracia en espagnol. Dès sa naissance, l’enfant a déjà trois prénoms : Beatriz pour les chrétiens, Hannah pour les juifs et Gracia pour le reste de sa vie. Comme je m’adresse à elle, dans ce dialogue entamé à chaque extrémité du couloir du temps, moi je lui dirai : Vous.